vendredi 20 juin 2014

Violence électorale : un pas de plus au cœur du mal

C'est un défaut bien Sénégalais, quand les avis divergent, les esprits ont tendance à s'échauffer. Cette situation est encore pire en période électorale. Certains y voient même une constante de la vie politique Sénégalais en convoquant l’histoire.
Depuis samedi, début de la campagne pour les locales du 29 juin, les caravanes passent et les échauffourées s'installent. Grand Yoff, la Médina, Gibraltar ou encore Rufisque, Kédougou, ou Tivaouane, le mal est commun. Devant l'ampleur des enjeux et les conflits d'intérêts, la violence éclate pour peu que les militants s'en mêlent. Très souvent, ce qui passe pour un banal rassemblement vire aux affrontements.
Sur l'avenue Bourguiba, Moussa, vendeur de cartes des recharges téléphoniques, impute la responsabilité des violences aux leaders politiques. « Ce sont les politiciens qui manipulent les jeunes pour saboter les rassemblements des autres candidats. Moi, il est hors de question que je me fasse tabasser pour un homme qui oublie les soucis de sa communauté, une fois élus », prévient le jeune homme.

Pour Adama Gueye, enseignant à la retraite, cette situation est due au laxisme des forces de l'ordre et de la société civile. « A l'image, des Partis politiques, les membres de la société civile devraient pouvoir descendre sur le terrain faire des porte-à-porte pour sensibiliser sur la violence électorale. C'est mieux que de rester à condamner à longueur de journée », scande M. Gueye. En quelque sorte de médecins après la mort.
Peut-être que le Comité sénégalais des droits de l'homme (CSDH) a entendu l'appel du vieux, pour eux, l'heure est à la prévention de la violence. Il rappelle que les élections « présentent ce paradoxe d'être à la fois un facteur de paix donc de stabilité, en ce qu'elles fondent la légitimité du pouvoir, mais, en même temps, une source d'instabilité sociale particulièrement en Afrique ».
Selon les camarades d'Alioune Tine, « bien que le Sénégal se prévale d'une expérience électorale centenaire, il n'est pas pour autant épargné par les violences politiques en général et électorales en particulier ». La violence est « une constante dans la vie politique sénégalaise », relève le CSDH qui rappelle qui rappelle en passant quelques tristes épisodes qui ont émaillés les joutes électorales. C'est entre autres l'assassinat du député Demba Diop de Mbour en 1967, la tentative d'assassinat du président Léopold S. Senghor en 1967, l'assassinat de Me Babacar Sèye en 1993 et la tentative d'assassinat de Talla Sylla en 2003.
Selon eux, "la configuration de la vie politique sénégalaise semble être porteuse, elle-même, de germes de conflits relativement étudiés et compris dans leurs multiples dimensions. Mais, si ces germes sont « négligés par les différents acteurs et dont l'ampleur et l'importance pourraient irréversiblement entrainer, si rien n'est fait, dans un avenir plus ou moins lointain, un basculement chaotique ».
Ibra Badiane

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