Les élections municipales de
juillet 1945 ont permis la mise à
nu d’une violation du décret du 19 février 1945 portant application en AOF de
certaines dispositions de l’ordonnance du 21 avril 1944 sur l’organisation des
pouvoirs publics en France après la Libération. Son article 4 excluait du
collège électoral les femmes indigènes originaires des Quatre communes. Elles
ne sont, en effet, ni électrices, ni éligibles contrairement aux citoyennes
françaises de Territoires d’Outre-mer, de l’AOF et de la Métropole. Ce que les
populations sénégalaises n’ont pas accepté.
Une compagne de protestation est
déclenchée sous la direction de Lamine Guèye et de Graziani. De même, les
femmes indigènes tiennent une réunion le 5 mars 1945 à Yakheudieuf. Pétitions,
manifestes et motions sont à l’ordre du jour. Charles Cros et Lamine Guèye se
rendent en France pour obtenir la révocation de cette loi « scélérate ».
Le 2 avril, le ministre des Colonies, Giaccobi, accepte le principe du vote des
femmes. L’article 4 du décret du 19 février sera annulé par le Conseil d’Etat
français qui le remplace par l’article suivant : « Les femmes
citoyennes françaises sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions
que les citoyens français » (Voir : Ndiouga Adrien Benga, pp.
131-132). C’est ainsi que les femmes, qui représentent 21% de l’électorat, sont
dans la mêlée. Elles jouent un rôle déterminant dans l’élection de Lamine
Guèye. Aux élections de juillet 1945, Mme Gaspard Kâ, épouse de notable, et Mme
Aminata Diop, toutes deux sur la liste de la SFIO, sont élues conseillères
municipales. D’autres candidates n’ont pas connu le même sort. Mme Gaillard de
la liste Goux, Maguette Niang et Khady Tine de la liste Graziani ne sont pas
élues.
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