Depuis
la tension électorale de 2012, le Sénégal enregistre une forte floraison de mouvements
dits citoyens. Pour ces élections locales, on note un nombre impressionnant de
mouvements ralliant des partis politiques. Les riverains de Grand-Dakar les
trouvent comme des « politiciens déguisés ». Certains responsables desdits
mouvements estiment que leur but est de ne plus laisser les politiques
diriger seuls les destinées de leur localité.
Dans le quartier populeux de
Grand-Dakar, à cet-après midi, chacun vaque à ses occupations. Les
devantures des maisons et les grand-places recueillent du monde. Les gens
discutent de tout, sauf de la politique ou de des locales. Vêtu d’un
jean et d’un tee-shirt rouge, la trentaine, Djliy Fall est commerçant natif de
Grand-Dakar. « Ces mouvements citoyens avaient une force en 2012. Les
Sénégalais pensaient avoir des ruptures avec eux au sommet de l’Etat et dans
les communes. En vérité, le peuple a compris qu’ils sont pareils que les hommes
politiques. Car, beaucoup de dirigeants de ces mouvements se sont fondus dans
cette mouvance présidentielle pour des postes. Ils ne sont plus rien dans notre
zone », indique t-il avec mépris. Quelques mètres de là, assis sur une
chaise, Ibra Seck, la tête toute blanche, prend de l’air. « Je n’ai pas
confiance en ces mouvements citoyens. Je ne vois pas leur différence avec les
partis politiques. A mon âge, j’ai décidé de ne plus voter, je suis
découragé par ce qui se passe », dit-il en haussant les épaules. Pour
Khady, ces mouvements citoyens ne sont que des masques utilisés par les hommes
politiques. Car, à l’en croire, ces derniers savent que les populations sont
maintenant découragés d’eux.
Ousseynou, résident dans
cette localité depuis bientôt quatre ans, voit dans ces mouvements une forme
de transhumance. « Ces mouvements ne sont que des formes de transhumance
politique. Ces gens créent ces mouvements pour faire pression sur des
responsables politiques ou sur le régime en place pour leur montrer qu’ils ont
une base derrière eux. Et de là, la plupart d’entre eux rallient des partis en
négociant des places sur les listes électorales. Ce qu’on a vu ces derniers
temps », explique t-il. Et non sans prévenir : « Il faut que les
populations se réveillent et comprennent que ces mouvements ne sont que des micmacs
politiques. Heureusement nous, et hélas pour eux, les citoyens sont en train de
s’en rendre compte », lance t-il. Pressé de traverser la route pour
rejoindre l’autre côté, sac à la main, le longiligne s’inquiète de ce
foisonnement de ces mouvements. « Je ne comprends pas comment en sous peu
de temps, on a noté des milliers de mouvements citoyens dans ce pays. C’est un
manque de sérieux même de nos dirigeants. Je pense c’est à eux de limiter cette
floraison. Car c’est trop facile », martèle le jeune homme qui a requis
l’anonymat.
A la mairie de Grand-Dakar,
quelques personnes discutent à l’intérieur sur les élections locales à venir.
Habillé d’une chemise braillée d’un jean bleu, le sieur, dirige les débats avec
ses collègues. « Les mouvements citoyens sont là pour les intérêts de leur
population. Il n’est plus question de laisser seuls les politiques diriger
pendant un quinquennat les règnes de nos populations. Nous nous sommes dit,
qu’il faut que nous prenions notre courage en mains pour défendre et
contraindre les politiciens de faire ce qu’ils veulent. », fait savoir
Asse Matar Thiaw coordonnateur général du mouvement citoyen républicain/ « Gueum
sa gokh » à Grand-Dakar. Un mouvement qui soutient à l’heure actuelle le
maire actuel Jean Baptiste Diouf du Parti socialiste. « Nous soutenons ce
maire, car il a un bilan positif et il est quelqu’un qui se bat nuit et jour
pour régler les problèmes des riverains de Grand-Dakar. Donc, de là, nous nous
sommes dit de venir le renforcer pour l’aider à mieux réaliser tous ses projets
pour cette commune », dit-il. Et non sans ajouter : « Dans quelques
années, ce sont les mouvements citoyens qui dirigeront ce pays. Donc, déjà
présent l’Etat doit faire en quelque sorte de mettre des critères à remplir
pour créer un mouvement citoyen.
Certains de nos
interlocuteurs de ces mouvements abondent dans le même sens que M. Thiaw. A
les en croire, il faut que la politique politicienne change pour développer ce
pays. Selon eux, le Sénégal est dans l’ère des mouvements citoyens.
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