La contrée est connue de la majorité des Sénégalais pour ses réserves en or. Un cliché qui se confirme et se traduit par l'opulence de la compagnie Sabodala Gold Operation (SGO). Si cette dernière, qui a déjà commencé l’exploitation, affiche de grandes ambitions pour le secteur, elle ne laisse rien filtrer d'essentiel de ses activités.
la fosse (pit) de Sabodala. Le minerai est extrait ici avant d'être traité à l'usine |
On se serait cru dans les paysages arides du sud ouest américain avec une chaleur intenable et des montagnes à profusion. Mais on est dans les confins du Sénégal, au cœur de la seule société d’exploitation de mine d’or du pays. Sabodala Gold Operation (SGO) est l’entité qui opère dans la zone éponyme. Elle est une holding de Teranga Gold Operation (TGO) qui la détient à 90 % via Sabodala Gold Mauritius Ltd., les 10 % restants de SGO appartenant à la République du Sénégal.
La société s’entoure
du maximum de garantie sécuritaires parfois superflues, pour une
zone aussi isolée et presque inhabitée. A l’entrée du périmètre
minier, des écriteaux en anglais, marquent le l’entrée dans son
territoire. Une voiture de patrouille blanche sert d’escorte jusque
dans le siège des opérations de la société. L’aérodrome, la
banque, des restaurants etc., des installations qui paraissent
anachroniques d’avec la végétation asséchée et le paysage
poussiéreux qui constituent le décor sur la soixantaine de
kilomètres de piste depuis le croisement de Saraya. Le complexe est
un oasis de fraîcheur dans cette chaleur étouffante, un îlot
d’opulence dans un océan de sécheresse. Les autorités de la
boite n’ont pas lésiné sur la communication pour rendre visible
leurs réalisations sociales. Exposé oral, projection de film sur
les réalisations de la société, visite d’un périmètre
maraîcher, d’une école…, SGO polit son image.
Le superviseur du
département relation communautaire et environnement de la compagnie,
Séga Diallo, parle ‘‘d’importantes réalisations
socio-économiques avec une ambulance pour le poste de santé de
Sabodala. Une dotation annuelle de médicaments, des fournitures
scolaires aux différents établissements de la commune, construction
de salles de classe pour la suppression des abris provisoires,
paiement de deux immeubles à Dakar pour les étudiants venus de
Kédougou’’ confie-t-il.
La société veille à ses pépites
comme à la prunelle de ses yeux. Impossible d’aller à l’industrie
même en montrant patte blanche. Quant à visiter la fameuse ‘‘gold
room’’, local où est gardé le produit fini, c’est hors de
propos. Pas de descente au fond du fossé, pas de rencontre avec les
travailleurs. Une communication bien verrouillée qui n’a laissé
filtrer que des informations d’ordre général. Même pour la
visite des réalisations sociales, le responsable des relations
communautaires et environnement a pris le soin d’être l’interprète
des femmes du périmètre maraîcher de Faloumbou.
La seule
concession sera la visite du pit, l’immense fossé creusé pour
l’extraction du minerai. Au fond, une pelleteuse mécanique semble
minuscule. Les engins ont esquissé une stratification magnifique en
forme de colimaçon, où les rebords sont élargis pour stabiliser le
trou explique Cheikh Fall, ingénieur géologue du site
d’exploitation. Plus on va en profondeur, plus la circonférence
du fossé est réduite pour éviter les éboulements. Entre
l’amoncellement de basaltiques et latéritiques, un camion arroseur
passe régulièrement pour dissiper le nuage de poussière. Des
rangées de roches excavées forment des montages de part et d’autre
d’une vaste piste en latérite. Ce pit, opérationnel depuis 2009,
fait partie d’une exploitation presque deux fois plus grand que
Dakar : 1055km².
La société basée au Canada créée en
novembre 2010 a complété son expansion en acquérant la société
d’exploration Oromin Joint Venture Group (OJVG) deux ans plus tard.
Ce qui porte les réserves (prouvées et probables) de la mine à 2,8
millions d’onces avec une durée de vie estimée à 16 ans. En
2013, la production d’or a atteint 207.204 onces pour de revenus de
297 927 000 de dollars. La compagnie s’attend à des rendements de
l’ordre de 240.000 pour 2014. Le fonds social minier ? Pas
d’engagement clair pour le moment, surtout en ce qui concerne les
autorités étatiques. Séga Diallo parle d’un ‘‘fonds
d’investissement communautaire que l’État a négocié avec la
compagnie SGO d’un montant annuel de 425.000 dollars us compte tenu
de la convention signée avec l’État du Sénégal’’.
Ousmane Laye Diop
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